“Imagine there's no heaven” with Will

“Imagine there's no heaven, It's easy if you try, No hell below us...” ♪

Delilah posa son peigne sur la table, depuis qu’ils étaient tous rentrés du Mexique, elle était contrainte de dormir dans une chambre d’hôtel. La jeune fille, qui depuis toute petite avait pris l’habitude de vivre aux côtés de son père, se retrouvait aujourd’hui seule dans une chambre sombre et dans une ville détruite. Mais l’hôtel où tous logeaient était le seul lieu où il y avait encore de l’électricité, de l’eau, de tout ce dont on a besoin pour vivre correctement, ou juste le minimum. Beaucoup de personnes avaient péris dans ce terrible accident dont les élèves partis en voyage ne furent pas témoins. Delilah n’avait pas encore retrouvé son père, mais elle était bien décidée à savoir ce qui lui était arrivé ! Depuis son retour la jolie blonde dormait très mal, faisant de nombreux cauchemars emplis des gens qu’elle aimait, et elle était devenue une lève-tôt. Mademoiselle Ferguson prit tout son temps pour se préparer, n’étant absolument pas pressée puisque de toute façon elle n’avait pas de rendez-vous. Elle ouvrit sa valise pour prendre des vêtements, seulement elle n’en avait pas des masses... Pour son voyage, elle avait essayé de ne pas trop s’encombrer, et depuis son retour elle ne s’était pas rendue chez elle de peur de voir les dégâts. Delilah se contenta de prendre une robe légère, au teint bleu, un leggins, ainsi qu’un gilet noir et pour finir une paire de bottines noires. Elle n’allait quand même pas mettre des ballerines ou des talons pour aller se balader dans la ville, vu l’état dans laquelle elle était ! La jeune fille ne se maquilla pas des masses, juste de la crème et du mascara. Puis la miss descendit à la cuisine pour se préparer un peu à manger, juste de quoi tenir la matinée. De toute façon, elle n’avait pas très faim...

A présent qu’elle avait quitté l’hôtel, avec juste son téléphone dans la poche de son gilet, bien qu’il n’y ait pas de réseau, elle errait dans les décombres de la ville. Delilah laissait ses pas la guider, de toute façon elle n’avait pas trop d’endroits où aller... Chaque fois qu’elle regardait autour d’elle, ce n’était que désolation et horreur. L’envie de pleurer la prenait plus d’une fois dans la journée, mais elle se retenait toujours et chaque fois que quelqu’un se dirigeait vers elle, Delilah affichait un des plus beaux sourires. Non pas pour donner l’impression qu’elle n’en a rien à fiche, mais pour faire penser qu’elle n’est si démolie intérieurement et qu’elle garde espoir. Très peu le savent, il faut la connaitre bien pour s’en apercevoir.

Perdue dans ses pensées, la demoiselle remarqua à peine qu’elle était arrivée non loin du lac, désert comme tout le reste de la ville et ses alentours. Elle trébucha sur un caillou et manqua de peu de se tomber, mais elle se rattrapa. Ce petit incident lui remit les esprits en place, du fait elle regarda autour et remarqua où elle se trouvait. Finalement, Delilah se dirigea vers le bord du lac où elle s’assit sur un rocher, regardant au loin, dans le vide...

* Parfois, la vie est dénudée de sens… on se pose mille questions, mais aucune réponse plausible ne nous vient à l’esprit. On aura beau se torturer mille morts, aucune main bien veillante ne viendra nous aider. Nous somme seuls et nous devons nous débrouiller seuls… *

Adossé à un tronc calciné, William se posait toujours les mêmes questions inutiles. Pourquoi, comment, qui ? mais rien ne venait. En tous cas, rien de bien logique en soi quand on y réfléchissait bien.
C’est donc avec un soupir empli de lassitude que le jeune se leva pour dégourdir ses membres raides. La vie n’avait pas été facile ses derniers temps et beaucoup de tâches peu reluisantes avaient été incombés aux jeunes gens encore assez robuste pour s’y tenir. Will’ avait été l’un d’entres eux, comme beaucoup de jeunes hommes de son âge d’ailleurs. Il avait fallu déblayer les routes, couper les arbres qui jonchaient sur le sol, refaire la tuyauterie, remettre en état les salles de cours… et plein d’autres choses encore.
Bien entendu, le jeune homme aimait se rendre utile mais aujourd’hui il s’accorda une pause. Il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin et c’est avec un ton plus amer qu’il ne l’avait voulu qu’il déclina l’invitation du professeur Carter à diriger l’équipe mécanique. Mieux valait t’il qu’il se repose un peu qu’être sur le dos de tout le monde et ronchonner pour rien. Oui, c’était la meilleure solution de toute manière…

Une grimace au coin des lèvres, William pensa tout de même que le professeur s’en remettait trop à lui et ce n’était pas bon pour le jeune homme. Ce dernier avait toujours détesté mener une équipe, préférant de loin la solitude et la transparence. Se mettre en avant n’était pas inné chez Will et ça tout le monde le savait. La plus part du temps seul ou avec quelques personnes très proches comme Lilou sa petite sœur, peu de monde d’osait réellement l’aborder. C’était d’ailleurs une situation qui lui convenait parfaitement…

Un soupir plus tard, le jeune homme pris enfin une décision. Cela ne servait à rien de zoner comme un lion en cage… mieux valait t’il profiter de cette après-midi de libre. Il irait donc au lac pour se baigner. Cette baignade relaxerait ses muscles crispés et l’aiderait à penser à autre chose. D’ailleurs, l’idée était plus que bonne vu la chaleur assommante qui englobait la ville toute entière...
Will se dirigea donc d’un pas léger mais sur à travers la ville en direction du lac prenant bien soin d’éviter les quelques débris qui jonchaient inertes sur le sol meurtri. Quelques minutes plus tard, il arriva enfin à destination. L’étendu d’eau était surement la seule chose qui n’avait pas subi les dégâts du massacre. Les rayons du soleil venaient chatouiller la surface plane de l’eau et faisait apparaître une trainé de diamants étincelants. Le spectacle aurait coupé le souffle à n’importe quel être doté de sentiments. Le moment était magique, hors du temps. William n’avait d’yeux que pour le lac et avant même d’avoir atteint le sable fin, il se retrouva en rien de temps en caleçon, vêtement éparpillés de ça et là sur les galets grisâtres.

Respirant une grande goulée d’air frais, il passa ses longs doigts fins dans sa rutilante chevelure puis tout le long de son échine. Le calme ambiant l’apaisait déjà, le frais lui caressait la peau et quand il plongea dans l’eau un sentiment de bien être profond le submergeant aussi tôt.
Il n’y avait rien de tel qu’une eau froide, tiède pour rafraichir un corps brulant, sur ce point il n’y avait pas de doute…
Vivifié, il nagea sur quelques mètres et finit par faire la planche histoire de se reposer. Il n’était pas fatigué loin delà, mais cette position le mettait terriblement à l’aise, comme un enfant dans le ventre de sa mère. D’ailleurs l’idée le fit sourire, mais alors qu’il s’apprêtait à reprendre sa nage de plus belle il remarqua une jeune fille assise au loin sur un énorme rocher. Sa chevelure dorée scintillait ne lui était pas inconnu, mais il n’aurait su l’identifier.
Hésitant, Will se demanda s’il était réellement nécessaire d’assouvir sa curiosité et d’aller voir de plus près qui était la jeune fille…
Il pesa le pour et le contre un instant mais finit par rejoindre lentement la jeune femme en une brasse lente et régulière. Elle ne pipait mot, les yeux dans le vague, pensive mais William se hasarda tout de même à l’aborder, chose qui d’ailleurs n’avait jamais été son fort…

Salut dit t’il d’un air qui se voulait enjoué.

William mit un certain temps pour reconnaître la jolie blonde assise sur le rocher. Ce n’était autre que Delilah Ferguson, une fille qui avait prit part au voyage. Il ne la connaissait pas vraiment mais le peu de fois qu’il lui parlait, c’était un réel plaisir. Contrairement à ce que pourrait affirmer la couleur de ses cheveux, la demoiselle c’était révélée très intéressante et cultivée.

« Ah William ! Salut ! Comment vas-tu ? »

Son était enjoué mais ses yeux étrangement vitreux, comme pensif ou bien … larmoyant. Ne sachant trop quoi faire, le jeune homme se rapprocha et s’agrippa à l’énorme caillou histoire de ne pas couler avant même de pouvoir répondre.
Un morceau de roche bien en main et les jambes toujours en mouvement, Will’ finit par se lancer :

- Sa va très bien Delilah, je te remercie ! Et toi ? Ça n’a pas l’air d’être la grande forme dis moi …
Bon sang que cette réplique avait été dure à sortir ! Si William n’était pas dépourvu d’un cœur, il lui était pourtant très difficile de trouver les mots justes pour rassurer quelqu’un. Ce maudissant pour s’être aventuré dans un terrain quasi inconnu, il fit mine de sourire pour la mettre en confiance. De toute façon, c’était plus que sur. Tout le monde à Phoenix craquait et même les plus costauds. Même Will c’était surpris à verser quelques larmes en silence alors qu’il contemplait les ruines de la ville d’un air grave. Heureusement, il n’y avait eu personne se jour là, l’évitant ainsi de se justifier. Mieux valait tenir un masque d’impassibilité que de faire déprimer tout le monde en tirant une mine affreuse. En tout cas, c’était sa politique.

« L’eau n’est pas trop froide ? »

Perdu dans ses pensées, le garçon eu du mal à relevé la tête pour mieux assimiler de ce que venait de dire la jeune fille. Il ne perçu que le mot « froid », mais il comprit très vite par une déduction ce qu’elle venait de lui demander. * L’eau était t’elle froide ? * il n’aurait su le dire. Pour William l’eau avait une température excise bien que relativement froide. Cette fraicheur décontractait ses muscles engourdis, le relaxait. C’était son petit plaisir personnel, mais aller dire a une fille que l’eau est bonne, elle vous rétorquera aussi sec qu’elle est gelée !
Pourtant, il se risqua à lui faire par de son impression sensoriel …

- Et bien pour moi, la température est tout bonnement idéale. Ni trop chaude, ni trop froide, mais pour toi …

Ne finissant pas sa phrase volontairement pour mieux lui faire passer le sens de sa réplique, Will’ s’autorisa même un sourire.
Il aurait aimé voir au moins une fois dans sa vie une fille de Phoenix plonger le moindre petit doigt de pied à part sa sœur, qui elle n’était pas une référence, le suivant dans toutes ses escapades…

- Tu n’a cas trempé un doigt de pied tu verras bien par toi-même ! et puis il fait si chaud ! je ne sais vraiment pas comment tu fais pour supporter cette chaleur de plein fouet. Tu va finir par tomber dans les pommes même en étant habitué au soleil…

Sur ses belles paroles, Will s’élança plus profondément dans le lac, jusqu'à n’avoir plus pied. La température baisse à mesure qu’il s’enfonçait et cela lui plaisait d’autant plus. Il regarda Delilah d’un air interrogateur, curieux de savoir ce que la jeune fille allait dire ou faire face à ce qu’il avait pu lui soumettre…